De retour a Montreal!

le blog d'un continent à l'autre

14 mars 2009

Un Muzungu dans le noir en Uganda

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C est fou comment une frontiere ne represente qu une limite invisible, mais cette invisibilite peut etre si marquee. Du parc des Volcans au Rwanda a la frontiere Ugandaise la route etait pavee, la conduite aisee et les gens respectueux. Une fois passe de l autre cote, les routes etaient poussiereuses, les transports bondes ou completement dingues a dos d un boda boda (une mot qui date des annees 70) et les gens nous traitaient de Muzungu.


Que veut bien dire Muzungu ? Tout simplement : le Blanc. Imaginez vous deux secondes pointer du doigt un Noir a Montreal et de lui crier par la tete : "Regarde un Noir" ou encore, " Heille le Noir !". Et bien, c etait tout a fait l oppose mais, le meme sentiment de discrimination nous habitait. Il ne fallait toutefois pas s en faire, les Ugandais n usent pas de ce terme de facon pejorative, bref sans racisme, mais on nous observe tout simplement telle une bete de cirque.

Meme si le changement de pays fut drastique sur le plan social, le relief, lui, etait des plus impressionnant; des collines par milliers sillonnaient le paysage. Elles etaient tous cultivees comme un casse tete, colorant ainsi ses meandres jusqu a sa cime. Il y avait des lacs et des etangs au pied des collines formant un decor fraichement sorti du livre le Hobbit. Disons qu a l arriere de la moto boda boda, l air frais de la liberte nous faisait apprecier le moment avec aplomb.

Nous nous sommes diriges vers Kabale pour y passer quelques jours. Kabale n est pas necessairement la ville la plus attrayante de l Uganda. Des rues poussiereuses, raboteuses et indefinies avec des boutiques pieuses les arborant... tout le contraire de la publicite disant que Kabale est la Suisse de l Afrique - ces gens ne sont clairement jamais alles en Suisse - mais bon, elle est la porte d entree du Lac Bunyoni. Etant donne que nous etions dimanche, Jour du Seigneur, vous devez comprendre que le dimanche rien ne fonctionne en Afrique de l Est, on prie ! Nous nous sommes donc installes au bord du lac pour y relaxer. Le lac offre probablement un des panoramas les plus impressionnants au monde; le lac est entoure de collines et des dizaines d iles occupent son etendue. Nous avons monte une des collines pour y avoir une vue sur l ensemble du paysage. Au sommet, biere a la main et soleil a nos cotes, nous avons contemple le spectacle naturel passivement et heureusement. A notre retour au bord du lac, nous avons visite une organisation aidant les enfants et les villageois a se sortir de la pauvrete, la Fondation Edirisa.

Le Jour du Seigneur termine, nous nous sommes rediriges vers Kabale pour sauter dans le bus partant vers Fort Portal a 2am. C etait sans aucun doute un des pires autobus que nous avons utilise. Premierement, le chauffeur nous demandait de l argent pour s acheter de la biere - dont drink and drive ! Deuxiemement, le bus etait probablement a 150% de sa capacite maximale. Et finalement, le bus etait dans un etat de soins palliatifs... Mais nous avons atteint la destination ! Il ne nous restait donc a choisir notre activite. En feffet, Fort Portal est un carrefour pour les touristes puisqu on y trouve a proximite (1) la chaine de montagne Rwenzori qui offrent des trekking ardus mais permettant d avoir l exclusite du panorama ugando-congolais, (2) la foret Kibale fameuse pour sa forte densite de chimpanzee et finalement (3) le lac Nkuruba et ses majestueux lac-cratere. Compte tenu que nous digerions encore notre montee du Kilimandjaro et que nous venions tout juste d aller a la rencontre d une espece de primate, nous avons donc plie baggages et nous nous sommes diriges vers le Lac Nkuruba.

Pres de 30 minutes de boda boda plus tard, nous nous retrouvions a ce site de camping que nous qualifierons de vrai taudis (et nos criteres sont rendus assez bas...). Nous avons tout de meme monte notre tente (pas le choix a defaut d avoir une autre option dans les parages). Nous ne pouvions pas croire que Lonely Planet suggerait une telle horreur jusqu a ce qu on s apercoive que nous ne nous trouvions pas au bon endroit. En fait, il faut comprendre que les compagnies africaines se livrent une competition feroce dans l industrie du tourisme. Si un entrepreneur a du succes avec sa compagnie, et bien, un autre ouvrira ses portes tout pres avec un nom synonyme. Apres quelques minutes de negociation avec le proprietaire de l endroit crasseux, nous avons demenage notre tente vers l Eden : un camping au bord du lac, avec des employes ultra serviables, de la bouffe de qualite et un endroit super bien entretenu. Nous avons donc profite du reste de la journee pour se baigner dans le lac et aussi pour y admirer la diversite de primates qui habitaient notre camping. Il y avait des centaines de golden monkeys (white colaba) et de velvet monkeys qui sautaient allegrement d arbres en arbres a la recherche de nourriture. Et ce spectacle se passait a quelques pieds de notre tente. Malgre la pluie nocturne, le froid et les bruits de singe, la nuit fut agreable.

Le lendemain matin, nous entamions notre aventure dans la nature entourant le lac Nkuruba, passant dans les villages typiques ugandais. Patrick, notre guide, nous montra la vie paysane ou tout un chacun cultive pour se nourrir. Nous marchions des kilometres a travers les champs de bananiers, d avocats et de cafe pour y decouvrir plus de cinq lacs-crateres qui se sont formes lors de la periode volcanique du sud de l Uganda. La paysage etait idyllique et le soleil d une force accablante. A mi chemin, nous avons fait une pause a la chute Mahoma; une superbe cascade digne des plus belles forets tropicales. Mais, l ultime objectif se trouvait a plus de trois heures de marche; le Top of the World, comme le surnomme les Ugandais. Ce sommet est en fait le meilleur endroit de la region pour avoir une vue d ensemble des crateres, des villages et de la chaine de montagne Rwenzori. S y rendre fut plus difficile que ce qu on s attendait: chaleur, humidite, soleil, montee et une troupe d enfants qui nous pourchaissait telles des brebis egarees. Ce n est peut etre pas le Top of the World, mais l ascension en vaut la chandelle. Au retour, la saucette dans le lac fut tres appreciee avant de prendre le bus vers la capitale, Kampala.

Kampala est a premiere vue chaotique et plus on y reste, plus on confirme son chaos. Il est impossible de mettre autant de bus, d autos, de motos, et d humains dans de si petites et etroites rues. Le plus grand danger a Kampala est bel et bien d y marcher. Les gens n ont aucun, mais nous vous l assurons, zero respect pour les pietons. La devise du pieton est Mort ou Vif ! Nous avons atteint l objectif : aucune blessure, ni accident ! Nous avons pu quand meme apprecier la ville puisque nous avons rejoint Tomoyuki, un ami japonais rencontre au Malawi qui etudie et habite Kampala. Il nous amene vers des restaurants locaux typiques : un arriere court tenebreux qui cuisinait des brochettes de porc et un restaurant de cuisine du Ghana. Deux experiences culinaires differentes et enrichissantes. Compte tenu de la frenesie du Futbol (soccer) qui habite les Ugandais, nous avons egalement assiste au match Manchester United (ManU) contre Liverpool. Il faut savoir que les Africains sont completement accrocs a la Ligue des Champions; les bus sont colores aux couleurs de leur equipe favorite et presque tout le monde porte fierement les chandails des equipes anglaises. En tant que "supporter" de Liverpool, nous etions de la fete pour celebrer la raclee qu ils ont donne a ManU a domicile. C est fou comme le sport rassemble !

Notre sejour a Kampala etait beaucoup plus transitoire que touristique. Nous devions nous preparer pour l Ethiopie : retirer assez d argent puisque les installations bancaires sont pathetiques selon les dires et faire du lavage... la premiere brassee depuis plus d un mois et demi. Il etait temps. Malgre son passe politique tumultueux avec au pouvoir le tiran Obote qui organisa un genocide secretement garde (voir Last King of Scotland), l Uganda se tourne vers le futur. C est le pays avec la croissance economique (7.5%) et demographique (6.8 enfants par femme) la plus importante d Afrique. Cependant, il reste beaucoup de chemin a faire; le taux de sida est encore tres eleve, la pauvrete est omnipresente et l education n est pas encore assez valorisee. Quand on longe les rues de Kampala, de Fort Portal ou bien des petits villages et que l on vous crie a tue tete "Hey Muzungu !", on ne se sent pas comme l un d eux.

1 commentaires:

Blogger Big Sista a dit...

Coucou c'est moi!
Malgré ma timidité...hihihi...je suis toujours aussi fidèle à la lecture de vos aventures si fascinantes!!!
Je pars moi-même à l'aventure...hahaha!....vers l'Outaouais. Pas mal moins exotique mais j'ai la garantie d'un réveil tout en douceur avec une douche à l'eau chaude!!
Je vous aime et je pense à vous tous les jours
Cath xxxxx

13 avril 2009 à 18:18  

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