De retour a Montreal!

le blog d'un continent à l'autre

12 mars 2009

Au Rwanda : le bonheur apres l horreur

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Apres bien des heures de transport nous sommes arrives au pays des mille collines dans la nuit. Nous pouvions que deviner la silhouette etendue de Kigali par les milliers de points lumineux qui scintillaient de vallees en vallees. Contrairement a la majorite des villes africaines ou nous evitions de nous promener apres le coucher du soleil, nous n avions pas ressenti ce sentiment de menace ou d insecurite lorsque le minibus nous a laisses pour compte au milieu de la capitale du pays. Une dame a ramassee ses deux poulets vivants qui, tout le long du traget jacassaient en dessous de notre banquette, et nous a gentiment suggere un hotel pour la nuit et en plus, elle nous y a acccompagnes. Malheureusement, les hotels de Kigali etaient majortairement complete du a un grand congres sur les technologies de l information qui s y tenait. Nous avons ainsi erre les rues sombres et desertes a la recherche d un auberge et nous avons realise comment l aide de cette dame avait ete indispensable, les rues en labyrinthe ne nous facilitaient pas la tache. Nous sommes donc revenus a notre point de depart et avons demande a l hote de nous aider a trouver un toit pour la nuit. Apres son quart de travail, et que nous ayons enfin nourrit notre estomac vide depuis 24h, il nous a escorte au Ibiscus Center. La chambre se resumait a un simple carre de ciment a air ouverte, meuble d un lit avec moutiquaire (comme tous les lits en Afrique de l est), une toilette dont la chasse d eau etait infonctionnelle et une douche sans eau chaude (comme la majorite des douches en Afrique de l est). Rien d extravagant pour le prix demande, mais le choix n y etait pas donc nous avons achete. La journee avait ete longue et la biere allait etre bonne... C est la petite piece du bureau de reception qui servait aussi de bar. Un comptoir de bois rudimentaire, un seul tabouret, un neon hallogene, l atmosphere intemporel n etait pas a son meilleur, mais ca allait compte tenu des circonstances.

Nous avons commande deux bieres. L homme acoste au bar nous a questionne sur notre origine. Canada, bonus, French Canadian. A cette simple revelation, nous venions de faire connaissance avec un homme qui incarnera notre heureux souvenir du Rwanda : Etienne. Le hasard faconne souvent bien les choses ! Etienne, homme d affaire respecte au pays, vient d entamer la soixantaine et adore la jeunesse. Pour le paraphraser, comme le pere Pops a Montreal le dit si bien : "Les jeunes c est notre avenir, avec les vieux comme moi, il n y a rien a faire." Le lendemain, nous avions plusieurs tracas a regler : nos permis pour voir les gorilles, reussir a retirer de l argent dans le pays et poursuivre les demarches laborieuses pour notre visa iranien. Nous avons egalement eu notre premier contact avec Kigali. Depuis la Namibie, nous n avions pas vu de feux de circulation ni d edifices urbains en Afrique, Kigali representait donc une grande ville, propre et tres developpee. Sans oublier de mentionner la gentillesse de son peuple qui se plaisait a nous converser en francais. En soiree, Etienne est venu nous rendre visite avec son jeune ami David. Une biere a la main, les sujets favoris : religion, politique internationale, psychologie, famille, valeurs et bien plus. La veillee s est encore terminee aux petites heures du matin. Enrichis par de si belles conversations, nous nous comptions choyes d avoir rencontre Etienne pour nous parler franchement de ses racines et de l evolution de son peuple.

Etienne nous a donne rendez vous a 10h le lendemain matin. Soucieux de l obsession du temps chez les occidentaux (parce qu en Afrique la notion de rendez vous et de temps est assez flexible...), il s est presente sans une minute de retard au rendez vous. Il nous avait offert de nous conduire personnellement a travers la ville. En compagnie de David, ils nous ont conduit au sommet de la plus haute des mille collines afin qu on puisse avoir un apercu global des 999 autres qui composent la ville. Quel panorama grandiose ! Etienne a roule lentement dans les quartiers tres riches de Kigali : tous des familles au service du gouvernement. Nous avons ensuite passe par un memorial du genocide reserve aux autorites. Ca nous a fait bizarre de voir les hommes de l entretien couper l herbe du site a l aide d une machette. A chaque coup de machette, les brins de gazon virevoltaient comme un mauvais souvenir du temps ou l on utilisait cet arme cruel et meurtrier pour hacher des corps humains.
Dans les montagnes, Etienne nous a pointe du doigt l habitat des Tijistes. Ceux que l on designe Tijistes sont en fait les Hutus qui ont execute les horreurs pendant le genocide. Plus precisement, ce sont ceux qui ont accepte de plaider devant un tribunal pour le peuple, avouer leurs actes, leurs crimes et demander le pardon. Le cas echeant, la moitie de la peine leur est reservee contre l execution de travaux communautaires supervises. Ils habitent pauvrement retires dans les montagnes, on les appellent les Tijistes. Ce sort est reserve qu aux executants des horreurs, quant aux elites qui ont manipule ses gens, ils sont presentement accuses par la court supreme a Arusha en Tanzanie (17 personnes accusees, 1 personne acquittee).

En apres midi, Etienne devait se rendre aux funerailles d un ami qui avait perdu la vie a un trop jeune age. Il nous a invite au service funebre mais nous avons gentiment decline l offre pour se rendre a un endroit aussi triste : le memorial du genocide. En 2004, a la veille du 10e anniversaire du genocide, le memorial de Kigali a vu le jour afin de repondre a quatre objectifs precis : (1) offrir un endroit digne pour enterrer les victimes, (2) expliquer par des faits, des images et des temoignages les causes et consequences du genocide, (3) creer un centre de documentation et d archive sur la triste episode et (4) fournir un support aux orphelins et aux survivants. Une grosse sculpture de pierre introduit le memorial. Celle ci est symbolisee par un elephant, animal reconnu pour ne jamais oublier, ainsi que par une flamme signifiant la vie, un contraste avec le lit d eau inerte sur lequel elle repose. A l exterieur du memorial, on retrouve plusieurs jardins qui ont tous une signification propre.
On croise d abord un grand jardin de roses qui personnifie l individualite de chaque victime. Ensuite le jardin de l unite represente le Rwanda avant 1994 : des maisons, des bananiers et surtout, les valeurs familiales. Ce dernier ce transforme en jardin de division, on apercoit alors une chute d eau, c est la descente vers la destruction du pays. Finalement, il y a le jardin de la reconciliation qui rassemble des centaines de roches symbolisant chacune une partie du Rwanda unie de nouveau sous une seule et unique fontaine d eau. Il y avait aussi une jardin de fleurs pour les femmes et un jardin de fruit pour les enfants (le fruit de l avenir), mais le jardin de cactus a retenu notre attention. Ici, le cactus represente le Rwanda puisqu il n a pas eu le choix de s auto-proteger pendant la crise alors que l aide internationale s est retiree. On apprend aussi que le cactus est une plante qui guerit tres rapidement. Une sympolique representative du genocide de 1994.

Faire face au passe
Avant les annees 30, le Rwanda se resumait ainsi : " Nous sommes un seul peuple, nous parlons une meme langue, nous avons une meme histoire." Le Rwanda a ete conquis par les Allemands pour une courte periode et ensuite les Belges sont devenus colonisateur du pays. Obsedes par la hierarchie sociale, les Belges ont decide de diviser le Rwanda en classes sociales. Ceux qui possedaient dix vaches et plus seraient les Tutsis (15%), les fermiers qui en possedaient moins de dix seraient Hutus (84%) et le derniers pourcentage de la population representerait les Twas, les premieres nations. Les Tutsis etaient souvent appeles a aider les Belges a gouverner. Le metissage des deux nations fournira ensuite un indice physique pour categoriser les clans. En 1932, les Belges ont officialise la division du pays en distribuant des cartes d identite a toute la population. Ceux grands, minces, a la peau couleur cafe et au nez fin etaient designes Tutsis alors que les paysans a la peau plus foncee et au nez large etaient Hutus.

Une rancune commencait a naitre au sein des Hutus qui, depuis des annees, se faisaient gouverner par les Belges et les Tutsis. Or en 1950, de plus en plus d Hutus devenaient eduques et certains, dont la rancune bouillait a present, s appretaient a prendre le pouvoir et se venger. Le Parti Radical Hutu est ne et la violence s installaient doucement. En 1962, le Rwanda a declare l independance. Les Belges ont alors plie baggages... Le pays avait gagne leur independance, mais etait loin d avoir gagne leur identite. Les Hutus prenaient le pouvoir.

Jusqu en 1990, le Mouvement Revolutionnaire National pour le Developpement (MRND) etait l unique parti au pouvoir et une propagande mediatique s enlisait tranquillement. Le Front Patriotique Rwandais (FPR) qui pronait l egalite des droits Rwandais (Hutus comme Tutsis) commencait a faire pression sur le gouvernement alors qu une guerre sans merci se dessinait subtilement sur la ligne du temps.

Entres temps, le Habyarimana a la tete du MRND, entrainait une jeune milice de Hutus dangereux qui s etablira sous le nom d Interahamwe. Deja des centaines de Tutsis avait ete liquides et le message mediatique au detriment de leurs vies s etendaient a l echelle du pays comme une solution que l on verse dans un verre d eau. L ideologie genocidaire du pouvoir Hutu avait ete perfectionnee et etait malheureusement supporte par deux medias extremistes qui ont joue un role important : la radio Radio Television Libre des Milles Collines (RTLM) et la revue Kangura. Tous deux ont ete crees pour faciliter la propagande genocidaire, endoctriner l ideologie Hutue, diffuser la haine et deshumaniser les Tutsis.

Bien que le gouvernement francais de Mitterand etait conscient des meurtres commis, il supportait ouvertement le regime Habyarimana. Un accord economique y etait certainement pour quelques chose... Les soldats francais ont meme participe a la cruelle tache d identification des Tutsis pour le compte du gouvernement. On comprend mieux aujourd hui pourquoi le Rwanda rejette les racines francaises et ferme toute leurs institutions pour se tourner vers le CommonWealth.

Une lueur d espoir a brille en 1993. L accord de Paix d Arusha devait etre signe, le Rwanda devait mettre au pouvoir un gouvernement de transition menant a la democratie et les troupes francaises devaient quitter le pays. Soucieux de perdre le controle, les Habyarimanas ont evidemment refuse la realisation de l accord de Paix. Au meme moment, ce regime a conclu une affaire de 12 millions$ en armement avec une societe francaise avec un pret garanti du gouvernement francais. Le contrat vers la descente en enfer venait d etre signe.

Le 6 avril 1994, le president Juvenal Habyarimana a ete tue par son propre peuple puisqu il n etait plus assez extremiste. Or, les medias ont divulgue que ce sont les Tutsis qui avaient assassines leur chef dans le seul but d attiser la haine du peuple Hutu. Immediatement, le chef du MINUAR, les casques bleus, le respecte General Romeo Dallaire, a envoye un telegraphe aux Nations Unies pour sonner l alarme sur les actions a prendre. Il a explicitement averti Kofi Anan que le regime en place etait arme et qu une guerre etait imminente. Il a requisitionne 5000 soldats supplementaires en precisant : " Donnez moi les moyens et je peux faire mieux." Or son message d alerte a ete completement ignore et, au gand desespoir de notre hero canadien, toutes les troupes d aide internationale ont ete retirees du pays. Le genocide fut immediat.

Une seule et unique intention etait communiquee a travers les medias nationaux : identifier et tuer les Tutsis. C etait une tuerie sanguinaire et sans pitie. Les Tutsis etaient chasses comme des animaux. On enfermait des milliers de familles dans une eglise avant d y mettre le feu et les bruler a vif. On hachait les seins des femmes pour ensuite les violer une dizaine de fois par groupe de dix soldats et enfin, on les laissait se vider de leur sang dans la rue. On demandait aux parents de tuer leur propre enfant a coups de machette avant de leur reserver le meme sort. On violait les femmes Hutus qui etaient mariees a un homme Tutsi et vice versa. On torturait et humiliait des etres humains avant de les faire souffrir jusqu a ce que la mort mette fin a ces atrocites. Pour un momemt, la terre avait arrete de tourner. Le monde entier s etait ferme les yeux. En moins d un mois, on a elimine de facon desolante un million de Tutsis. Comment ridicule l etre humain peut il etre ?

Au lendemain du genocide on temoignait : "Beaucoup de familles etaient completement exterminees, il ne restait personne pour s en souvenir ou decrire leur mort. Les rues etaient jonchees de cadavres. Les chiens devoraient la chair pourrie de leur maitre. Le but malefique des genocidaires avait reussi bien au dela de tout ce que l on aurait ose imaginer. Le pays sentait la puanteur de la mort. Le Rwanda etait mort."

Certaines personnes ont survecues au genocide. Certains ont fui, comme notre ami David qui s est refugie en Uganda. Il a malheureusement perdu ses deux soeurs, son frere et son pere dans cette triste histoire. Quant a Etienne, un homme d affaire prospere, il a du se cacher avec sa famille dans des conditions malsaines pendant un mois et demi. Bien que cette episode noire ait marque la vie de sa famille a jamais, il se compte parmis les chanceux qui n ont pas assiste de leurs yeux vus aux atrocites humaines.

Certains survivants affirmeront que le million de Tutsis qui ont laisse leur vie aux mains des elites Hutus demoniaques ont eu de la chance. Aujourd hui ces gens sont au paradis et n ont pas a subir la consequence lourde qu est de poursuivre une vie avec, en guise de boulet quotidien, tant de mauvais souvenirs. Certains survivants combattent a chaque seconde les images atroces du massacre de sa femme, son mari, ses parents ou ses enfants. Certains ont perdu tous les gens qu ils aimaien. toute la moindre amour qui les entouraient. Ils sont maintenant seuls au monde. Certaines femmes (500 000) vivent aujourd hui avec le sida parce qu elles ont ete violees a maintes reprises par des porteurs du VIH. Et des milliers d orphelins subissent quotidiennement un souvenir d enfance destructeur qui sera certainement transmis tristement a leur descendance.

Apres 15 ans, les cicatrices sont fermees mais encore visibles et tres sensibles. "Il est impossible d oublier le passe et aussi extremement douloureux de s en souvenir." Or, le Rwanda s est remarquablement remis sur pied en prenant soin d ecarter l alternative de la vengeance. Bien que la plaie ait saigne durement, le Rwanda est aujourd hui compose d un seul et unique peuple : les Rwandais.

Le Memorial du genocide est tres explicite. La reaction est toujours la meme. Pourquoi ? Comment ont ils pu ? Ca n a pas d allure ! Quel genre d humain pourrait faire cela ? Et on pourrait penser que cette histoire a ete ecrite aux temps des primates. Et non, c est ici, il y a 15 ans, alors que la television existait, l Internet et l education... A chaque fois, la communaute internationale se leve pour dire C est assez ! Plus jamais. Jamais. Mais c est en vain, l histoire ne s invente pas, elle se repete malheureusement...

Genocide est une combinaison de mots grec et latin : Geno (race ou tribu) et Cide (tuer). Voici quelques genocide de l Histoire avec un grand H :
-- Namibie (1904-1905) - 65 000 Heroros tues
-- Armenie (1915-1918) - 1,5 millions d Armenien tues
-- Holocauste (1939-1945) - 6 millions de Juifs tues
-- Cambodge (1975-1979) - 2 millions de Cambodgiens tues
-- Rwanda (1994) - 1 million de Rwandais tues
-- Balkan (1992-1999) - Eclatement de la Yougoslavie, 200 000 musulmans, 10 000 Albanais et des milliers de Croates tues.

Avant de quitter Kigali, nous sommes alles visiter deux institutions renommees : l Hotel des Mille Collines et Chez Lando. Ceux qui ont lu Un dimanche a la piscine de Kigali ou Hotel Rwanda, s en souviendront. L Hotel des Mille Collines etait geree par un Hutu ami des Tutsis (marie a une Tutsie). Pendant le genocide, il a cache plusieurs familles dans son hotel. Avec le controle des Hutus a travers la ville, l approvisionnement est devenu difficile, voire impossible. A un certain point, ils ont du boire l eau sale de la piscine pour survivre, ce que peu de Tutsis reussiront finalement a faire. Le dernier soir, nous sommes aussi alles Chez Lando, un hotel-resto-bar vivant et sympathique. Lando, un Tutsi et sa femme, Helene une Canadienne, ont tous deux ete tues en 1994. Sa soeur gere maintenant l endroit en preservant le prestige bien merite de Chez Lando. Ca faisait bizarre de connaitre le passe d un lieu. Boire une biere au pied de la piscine de l Hotel des Mille Collines comme les troupes Belges, Canadiennes ou Francaises ont fait quelques jours avant le massacre. Boire une biere Chez Lando ou le plancher quelques 15 ans auparavant etait couvert de corps morts. On se surprend a essayer de comprendre, de s imaginer la au moment, mais c est souvent trop douloureux. Il faut en tirer de breves conclusions sans pouvoir tout saisir et surtout, se tourner vers le futur; ce qu Etienne a reussi a faire en enfilant plusieurs bieres sur la table afin de celebrer notre derniere soiree.

Le lendemain, nous prenions un minibus a traver les montagnes du Rwanda pour se rendre a la porte du Parc des Volcans. La route fut tres difficile alors que ce "lendemain de veille" fut ponctue de vomissement pour Guillaume et d un intense mal de tete pour moi. Notre derniere soiree avec Etienne aura definitivement ete memorable !

Nous sommes montes au Parc des Volcans, la maison d accueil de Diane Fossey, la plus grande primatologue Americaine (recommandation litteraire/cinematographique : Gorillas in the mist). Cette femme a dedie sa vie a la preservation d une espece animale en voix d instinction : les gorilles de montagne. A l echelle planetaire, il ne reste qu environ 375 gorilles et tous se trouvent a la frontiere du Rwanda (Parc des Volcans), de l Uganda (Bwindi Impenetrable Forest) et de la Republique Democratique du Congo (RDC) (Virunda Forest).

A la vue de ses betes innoffensives, on se demande pourquoi les braconniers voudraient du mal a ce bel animal. On pourrait peut etre croire que c est pour leur beau pelage noir et soyeux, mais a notre grande surprise, les gorilles sont aujourd hui une espece rare puisqu on leur coupait les mains au poignet pour en fabriquer un prestigieux cendrier. Et oui, pour le luxe de taper quelques cendres de cigarette dans une paume de gorille empaillee. Absurde, non ? Diane Fossey s est battue tout sa vie aux cotes de ses etres exceptionnels. Elle les cotoyait comme s ils etaient ses propres enfants, elle les aimait, leur enseignait, les protegeait. Malheureusement, en 1985, Diane Fossey a ete sauvagement assassinee par des braconniers qui lui ont symboliquement coupe les mains, tout comme le gorille Digit qui a tente, a son tour, de proteger sa maitresse.

Bien que Diane Fossey etait diametralement contre l ecotourisme, le 500$ americain que l on doit verser pour passer une heure en presence des gorilles, permet de proteger leur environnement, leur vie et surtout leur progenitude. Il n y a qu une seule aire forestiere au monde ou l on peut voir des gorilles, donc malgre ce prix faramineux, c est avec enthousiasme que nous nous preparions a rendre visite a cet imposant animal de montagne.

Les restrictions sont strictes. Il y a huit groupes de familles qui habitent le Parc des Volcans (250 sur les 375 gorilles, les 125 autres sont dans la meme foret mais disperces en Uganda et a la RDC). On ne peut visiter les familles qu une seule fois par jour, pas plus de huit personnes a la fois et ce, 59 minutes, 59 secondes, sharp.

Nous etions trois et nous partions a la recherche de la famille Amahoro qui comporte 15 membres dont un Silver Back (l homme fort de la famille), des femelles, plusieurs enfants et un nouveau ne de 18 mois. A l entree du parc, on nous a presente trois hommes armes qui allaient individuellement nous suivre pendant la marche afin de nous proteger en cas d attaque d un elephant ou d un buffle. En effet, des notre premier 100 metres, nous avons vu un buffle rebrousser chemin sans chercher le trouble. Pendant une heure et trente minutes, nous avons donc monte en altitude afin d approcher les profondeurs de la nature et le nid volatil des Amahoros. Il ne s agit pas d un trekking simple ou les chemins balises permettent d apprecier les paysages panoramiques... les moustiques vous chassent, les fourmis rouges menacent de vous piquer et le pire, cette plante piquante qui vous pince douloureusement a chaque fois que vous frolez ses grandes feuilles qui vous bloquent la route. Disons que nous avions hate d arriver. Et a un certain moment, nous avons entendu les grognements guturaux de la bete. Celle dont nous etions a la recherche. Nous avons coupe notre route dans la brousse et escalade la montagne a leur rencontre.

Ils etaient la si pres de nous. Le chronometre a alors debute, nous laissant une maigre heure pour admirer cette espece animale si humaine. La journee de la famille Amahoro se resume ainsi : apres 10h ils se levent tranquillement, ils jouent et mangent jusqu a la tombee du jour ou ils demenagent ensuite pour preparer leur lit pour la nuit. Nous avons donc assiste a la courte episode matinale de cette famille. Ils etaient a moins d un metre de nous se baladant, se grattant, se nourrissant. Au depart, nous croyions peut etre avoir peur, hypnostises par la posture du gorille, mais bien au contraire, nous etions chez eux, bien recus et surtout divertis. Ils ont accepte notre respect dans leur cercle nous laissant les observer et les photographier a notre guise (et nous avons un peu abuse... ca fait environ cinq photos la minute...).
Les enfants etaient trop mignons. Ils s amusaient avec les lianes decousues des arbres et se taquinaient mesquinement. Un jeune garcon jouait a Tarzan se tapotant le torse de ses deux bras comme un "vrai" gorille ! Les femmes, quant a elles, veillaient sur les aventures rocambolesques de leurs bambins en attrappant, de temps a autres, une branche feuillue qu ils enfoncaient au fond de leur gorge. Et Monsieur Silver Back, lui, dormait. Il ne restait que deux minutes a notre visite et le male etait encore etendu de tout son corps lourd sur les feuilles douillettes. Nous esperions qu il nous jette un coup d oeil avant notre depart, et comme de fait, il s est assi devant nous, nous lancant un regard dominateur. Il etait gros, mais tres docile.
Nous nous comptions choyes d avoir pu partager cette heure avec des gorilles dans leur habitat naturel, dans leur quotidien innocent. Ils sont si gentils et tellement humains. Leurs mains, leurs pieds, leurs oreilles, leurs jeux, leur regard, leur affection, leur amour, c est humain, c est d eux, c est nous, c est impressionnant. L heure a file et nous sommes retournes sur nos pas le coeur heureux et attendri. On peut comprendre comment Diane Fossey ait pu tomber follement amoureuse de cette espece si attachante. De retour a Ruengeri, nous avons saute dans un minibs pour se rendre en Uganda.

Nous quittions le pays des mille collines avec un souvenir familiale en tete : notre sejour aura ete tres hospitalier. Etienne nous a permis de vivre une experience intense et unique a Kigali et les gorilles nous ont chaleureusement souhaite une bonne continuation.

2 commentaires:

Blogger Marie-Ève a dit...

Que je suis jalouse d'apprendre que vous ferez un détour par l'Iran... Je croyais pouvoir m'y rendre avant vous !

6 avril 2009 à 16:13  
Blogger Daddy a dit...

Wow ... tellement beau !! je suis estomaqué... tes écrits sont toujours si instructifs et si vivants.. Vous avez vecu une expérience humaine unique... je suis content que vous la partagiez avec nous.. je vous aime.... PS est-ce que Guillaume prend de l'age ??? il supporte mal la biee maintenant ?? hihihi Bye

7 avril 2009 à 04:18  

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