De retour a Montreal!

le blog d'un continent à l'autre

30 octobre 2008

Nepal : La tete dans les nuages

message publié à

On dit qu il faut passer par l enfer pour arriver au paradis. Et l enfer, nous y avons goute. Imaginez 25h de transport inconfortable marie a une sante tres fragile. Voici le portrait de la situation : Apres un bon souper a Varanassi (Inde), qui finalement aura ete fatal, nous avons pris un train de nuit jusqu au limites nordiques du chemin de ferroviaire. Un train de nuit long et penible. 10h de route dans une petite cabine sans air climatise, sans couverture, sans oreiller, avec plusieurs araignees en decoration et en bonus des maux de ventre qui annoncent une diarrhe coriace. Survecus ces 10h, nous sortons de la gare de train avec le peu de patience qui nous reste pour resister aux harcelements des rickshaws qui veulent t offrir du transport.

Nous reussissons a trouver un autobus qui mene a la frontiere du Nepal. Un bus local invraisemblablement bonde. Meme le toit du vehicule etait occupe. J ai reussi a avoir une place assis pres d une fenetre me garantissant ainsi un mince filet d air. Quant a Guillaume, il a egalement pu s assoir a l arriere entasse entre quatre Indiens. Les gens s accrochaient au vehicule roulant, au risque de se faire ecraser. La cabine etait ridiculement surpeuple, tel un poulailler. Donc au 10h de train inconfortable s additionne 3h de transport dans un calorifere suant.

A l arrivee nous traversons la frontiere a pied et completons les formalites necessaires pour obtenir notre visa nepalais. Une heure plus tard nous sommes finalement au Nepal avec la reelle sensation de s auto digerer. Nous arretons diner, mais le mal de ventre et les maux de colon ne lachent pas prise. Nous devons toutefois nous rendre a Katmandoo, la capitale du Nepal et notre point de depart pour le trek au camp de base de l Everest. Le bus pour se rendre a Katmandoo prend 15h. Hors de question dans notre condition. Nous nous sommes jumeles avec trois Espagnols pour louer un camions et un chauffeur nous conduisant a destination. Estimation 6h.


Apres diner, nous faisons connaissance avec notre camion. Un vehicule desuet avec a l arriere deux bancs carres faiblement installes face a face. Il n avait meme pas assez d espace pour respirer imaginez comment nous avons reussi a fourrer 5 sacs a dos. Nous etions assis, en sueur, genoux a genoux sur un banc flasque et sans vie. Le trajet a duree 8h30. Huit longues heures et 30 longues minutes ou Guillaume avait des sueurs froides et moi, je me tordais en attendant le prochain arret pour liberer ma flore intestinale. L enfer c etait nous autre. A 23h30, apres 25h de tranport, un mal de corps generalise et plus un rayon d espoir, nous sommes arrives a Katmandoo. C est dans une chambre d hotel entre le lit et la toilette que nous avons passe les deux journees suivantes.

Nous avons du repousser le depart de notre trek d une journee afin de recuperer un peu. Nous etions enfin prets pour notre ultime objectif au Nepal : un trek de 12 jours se rendant au camp de base de l Everest (5364m).

Jour 1
Depart 5h am. De Katmandoo nous avons pris un cesna jusqu a Lukla dans les Himalayas. C est la premiere fois que nous prenions un avions ou nous sommes 12 passagers et la cabine est pleine. On nous a distribue des bouchons pour les oreilles tellement les murs etaient minces commes des boites de carton. Les bancs ressemblaient plutot a des strapontins... L avion etait tellement miniature, qu on pouvait quasiment gratter le dos du pilote. On a toutefois compris le pourquoi du pourquoi. Cette avion ne passe pas dessus la chaine de montagne, mais c est entre ces gigantesques vallons qu elle valse courageusement. Et la piste d atterissage... elle mesure a peine 65 metres, accrochee au flan de la montagne. C est probablement l endroit ou il y a le plus d ecrasement aeriens au monde (plus de 40 dans les 30 dernieres annees). En fait, il y a seulement six jours, 12 Allemands y ont malheureusement laisse leur vie. C est donc un sentiment de totale insecurite qui s est empare de nous lorsque du creux des montagnes nous avons apercu la courte piste d atterissage qui se termine sympatiquement par un mur de pierre. Nous etions 10 Allemands et 2 Canadiens. Et nous avons applaudit lorsque l avion s est immobilisee. Sains et saufs. De Lukla (2840m), nous avons entame une douce marche vers Phakding (2610m). C etait d ores et deja l enervement d etre au coeur des Himalayas vulnerablement encercles par les imposants pics de montagnes enneigees. Nous avons traverse plusieurs villages culturelles avec de petites maisons de pierres taillees aux fenetres peintes en bleues. Ces dernieres etaient embellies par de magnifiques fleurs bleues, blanches, jaunes, violettes qui se mariaient bien aux couleurs rougeatres que l automne a echappe sur les arbres a son passage. Un bon depart.
Jour 2
De Phakding (2610m) nous avons monte a Namche Bazar (3440m). Nous etions maintenant officiellement dans le Parc National Sagarmatha (Everest en Nepalais), un patrimoine mondial de l UNESCO. Bien que la route etait plus demandante, elle nous offrait genereusement un itineraire garni de beaute. Nous devions notammment emprunter quelques ponts qui enjambaient des flots d eau fraiche, turquoise et savoureuse comme dans les pubs de Coors Light. Ou encore admirer les plaines montagneuses qui se brisaient dans la gorge d un glacier. Le paysage etait aussi frequemment rehausse par des centaines de petits drapeaux multicolores qui se laissaient bercer au gre du vent afin de souffler au loin chaque priere Tibetaine. Et ce, jusqu a Namche Bazar, la porte d entree de l Everest.

Jour 3
Le jour 3 etait un jour d acclimatisation. Toutes les precautions necessaires sont prises pour limiter les effets de l altitude. Journee d acclimatisation n egale toutefois pas journee oisive. Cela signifie seulement que nous ne dormons pas a une altitude superieure. Nous avons donc monte le mont Khumjung (3780m), une pente assez abrupte, mais la recompense etait au rendez vous. Nous avons eu notre premiere vue de l Everest. Le ciel etait bleu et clair laissant le sommet le plus haut au monde le decouper de son perimetre blanc. Nous sommes restes assis la quelques temps a s imaginer comment ca pouvait etre au moment present a la pointe de l Everest. Nous sommes ensuite redescendus et avons visite un musee qui explique brievement l histoire de la montagne.


Quelques dates importantes :
- 1865. La montagne recoit officiellement le nom de Everest en l honneur de Sir George Everest, le Chief Surveyor de l Inde (gouverneur general).
- 1920. Premiere tentative au sommet par les Anglais. En vain. Plusieurs expeditions sans succes ont suivi, dont une par des Canadiens.
- 1953. Premier homme a atteindre le sommet le plus haut au monde. Sir Edmund Hillary (Nouvelle zelande - Anglais) et le sherpa Tenzing Norgay.

Quelques statistiques :
- Au sommet a 8 890 m d altitude, il y a que 30 % d oxygene dans l air;
- a ce jour, pres de 2000 personnes ont atteint le sommet;
- malheureusement, 25 % des aventuriers y laissent leur vie;
- seulement 5 % des gens s en sortent indemnes et;
- 80 % se font emputer un doigt ou un orteil gele a la suite d une expedition.

Jour 4
De Namche Bazar (3440m) nous avons poursuit la randonnee jusqu a Tengboche (3860m). Il s agissait d une bonne marche a la fois ascendante et descendante. La journee etait splendide : un ciel clair et un soleil radieux. Les montagnes avaient revet leurs plus beaux habits, on pouvait constater un degrade parfait de leurs pieds a leurs tetes : du vert foret, au brun toundra, au gris rocailleux, au blanc d hiver. Le paysage etait grandiose. A Tengboche, nous avons visite un monastere bouddhiste et avons pu assiter a une ceremonie religieuse des monks de la montagne. Avant le souper nous avons recu le plus beau spectacle : un coucher du soleil au pied de l Everest. Nous etions hypnotise par la douceur du rose qui teintait son pic blanc. Au beau milieu de nul part, tout autour de nous devenait noir mais le plus haut sommet du monde brillait de toute sa splendeur. Quel plaisir !
Jour 5
De Tengboche (3860m) nous avons trekker jusqu a Dingboche (4410m). Notre corps s habitue peut etre tranquillement mais la route nous a semble moins difficile. Peut etre avons nous determine notre rythme respectif ou peut etre que les paysages etaient tellement beaux qu on oubliait les efforts deployes pour monter les cotes. Bref, la randonnee etait tres agreable. Nous etions enfin pres du paradis, accompagnes du sentiment de liberte total. Loin des bruits de klaxon de l Inde, loin des milliers de dechets ambulants et loin des odeurs insupportables... Nous etions pres de la nature, pres de l air frais, pres du silence parfait... pres du paradis.
Jour 6
Le 6e jour est le deuxieme jour d acclimatisation. Pour tester notre capacite nous avons grimpe la montagne Nagarjun (5050m). Le plus haut sommet que nous avons atteint a ce jour. En 1h30 nous avons probablement monte le 3/4 de la montagne et en 1h30 le dernier quart. Nous devions arreter a chaque dizaine de pas pour chercher l air qui se fait rare a cette hauteur. En effet a plus de 5000 m d altitude, l air contient que 53 % d oxygene. Le froid etait egalement palpable mais nous avons fierement complete l objectif et pu admirer le panorama. De la haut, nous avions l impression d etre a la meme hauteur que les immenses glaciers adjacents. Nous avions aussi une vue incroyable sur deux lacs d un bleu irrellement pur. Nous sommes tranquillement redescendus au refuge pour profiter des derniers rayons de soleil puisqu une fois au lit, les nuits sont tres froides. Nous dormons comme des larves dans un cocon et nous nous reveillons avec de la fumee au bout des levres...
Jour 7
De Dingboche (4410m) nous avons monte jusqu a Lobuje (4910m). Encore une fois, le ciel etait decouvert et bleu cyan, et le soleil luisait de tous ses eclats. La vegetation se faisait de plus en plus rare. Le sol etait recouvert d une faible pousse de gazon jaune et parseme de certains arbustres rampants. Nous avons parcouru une longue vallee ou les montagne enneigees devenaient de plus en plus imposantes. A un certain point, s est un chemin de roches que nous avons grimpe. Mais la beaute du paysage ne derougissait pas.
Jour 8
Le jour 8, il s agissait de notre ultime objectif : l atteinte du camp de base de l Everest (5340m). Nous avons quitte Dingboche a 7h am pour cette longue expedition qui sera de loin la plus difficile que nous avons connue. Deja le reveil etait souffrant. Juste sortir de nos sacs de couchage pour s exposer au froid glacial etait une epreuve. Le peu d oxygene (50%) dans l air frais se faisait sentir dans nos muscles tout comme dans notre respiration et diminuait au meme rythme que l etau qui serrait nos temples. Pour se rendre au camp de base nous devions marcher en epousant les formes bizarres des glaciers entourant l Everest. Un eboulement rocheux couvrait l epaisse couche de glace laissant parfois une petite patinoire traitre nous dejouer. Nous avancions lentement mais surement avec toute la concentration necessaire pour reussir notre objectif. C est un sentiment partage que nous avons ressenti en arrivant. Nous etions a la fois heureux mais trop brules pour le manifester. Nous avions prepare une affiche mentionnant la destination puisqu il n y a rien au monde au camp de base a l exception de quelques tentes et des fous qui se preparent a monter l Everest. En regardant la route qu ils empruntent entre deux immenses montagnes, nous avons pu observer une avalanche. Impressionnant ! Mais ce n est pas tout, nous devions revenir sur nos pas pour coucher a Gorak Shep (5140m). Apres 7h de trekking constant, nous etions comme deux zombies qui avancent sur le Cruise Control completement epuises. Inutile de vous dire que malgre le froid (-18, meme nos bouteilles d eau ont gelees), nous attendions avec excitation cette nuit de sommeil qui fut tout dememe tres difficile (symptome de l altitude).
Jour 9
Notre dernier jour exigeant. Nous nous sommes leves a 4h30 am pour gravir le mont Kalapathar (5545m) afin d observer une derniere fois le sommet de l Everest illumine par le doux levee du soleil. La montee etait ardue. Nous avons toutefois resiste a toutes les excuses possibles nous encourageant a abandonner l ascension. Il fait froid, je ne sens plus mes pieds, je ne sens plus mes mains, mon nez coule, j ai de la misere a respirer, j ai mal a tete, c est long, c est haut, c est dure... Mais nous avons persevere et nous avons maintenant atteint notre plus haut sommet (5545 m). Quelle satisfaction ! Le soleil a tranquilllement decoupe la silhouette de l Everest pour ensuite nous benir de sa chaleur indispensable. Nous sommes ensuite descendus pour dejeuner au refuge et la journee s est poursuite dans une longue descente jusqu a Pangboche (3930m) ou nous avons dormi.
Jour 10
Nous continuions la descente en appreciant a grand souffle la nature qui nous entourait. A moins de 4000m d altitude nous etions enfin libre de manger autre chose qu une soupe a l ail et un the au citron, le remede naturel pour contrer les effets nefastes de l altitude. Nous sommes retournes a Namche Bazar (34410m) apres sept jours de trek... vous ne pouvez savoir comment la douche chaude a ete jouissive.
Jour 11
La derniere tranche avant de retrouver notre point de depart : Lukla. Nous etions de retour dans la vegetation et la chaleur de l automne. Reposes par des nuits de sommeil plus normales. Ce fut un deux semaines de paix total, lies intimement a la nature dans son element le plus rudimentaire. Nous louangeons ceux qui bravent cette nature capricieuse pour depasser les limites humaine (on se demande encore pourquoi nous payons pour souffrir autant...). La fin s est annoncee, nous sommes deja arrive a Lukla. Apres 15 jours d abstinence forcee, nous avons devore une bonne San Miguel (biere locale). Nous sommes extremement heureux d avoir absorbe autant de beaute naturelle et vraiment fiere d avoir surpasse encore une fois ce que l on croyait etre nos limites. Une expedition completement feerique.
Jour 12
Une journee de transport. Vol stressant de Lukla aKatmandoo. Vol de Katmandoo a Bhadrapur et transport necessaire pour sortir du Nepal et se rendre a Darjeeling en Inde.

Bien que le Nepal represente qu un maigre pourcentage de la planete entiere, il s agit d un pays extremement riche naturellement. Sa faune, sa flore, ses papillons, ses animaux, ses rivieres d eau blanche, et bien sur ses montagnes, le Nepal est une destination revee pour les eco aventuriers. Nous avons ete combles de trekker au coeur des huit plus hautes montagnes du monde, d autant plus que la nature nous a choye d un ciel clair et d un soleil heureux. 15 jours n est pas suffisant, nous devrons revenir voir Pokara et Annapurna.

Photos disponibles dans Nepal

3 commentaires:

Blogger Marie-Ève a dit...

Ce ne sera que des anecdotes à raconter à votre retour !

12 novembre 2008 à 18:35  
Blogger Big Sista a dit...

ah shit! j'ai encore manqué ma chance d'écrire le premier mot...c'est donc "stike two"! J'espère quand même être encore dans la course pour le grand prix du macaron fait à la main!! hihihi!
C'est rendu qu'il faut que j'écrive AVANT de lire vos chroniques!!! hihihi!
Bon bien... j'ai de la lecture à faire!
I luuuuuv ya!
Cath xxxxxxxxx

13 novembre 2008 à 02:02  
Blogger Maman Jacinthe a dit...

Salut les grands aventuriers....Que de beautés vous avez vu dans cette ascension....vraiment a couper le souffle...mais pour avoir la tete dans les nuages ,il aura fallu beaucoup d'énergie.Je pense que nos trekking en Afrique,vous seront de tout repos.Mais en family...se sera merveilleux...Merci de nous faire vivre de si beaux moments.

13 novembre 2008 à 18:46  

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil